Elle avait été l’une des premières à me proposer d’illustrer une pochette de disque. Son sixième album. Paru en 1991 et intitulé Straight singin’, en hommage au grand Nat « King » Cole. À ses côtés, quelques-uns des meilleurs musiciens de la planète : Ray Brown, Pierre Boussaguet et Stafford James à la contrebasse, Mark Taylor et Philippe Combelle à la batterie, Jacky Terrasson au piano, Eddie Harris et Guy Lafitte au saxophone.
Ce portrait de La Velle, je l’avais réalisé avec elle cette même année, lors d’un concert qu’elle avait donné, en seconde partie du big band d’Oleg Lundstrem, au palais des congrès du… Kremlin ! « Le premier concert de jazz dans cette grande salle », m’avaient alors indiqué les organisateurs…
Durant une dizaine de jours, La Velle et moi avons ainsi voyagé ensemble entre Moscou et Leningrad, partageant de beaux moments dans un pays extrêmement exotique pour lequel je garde une immense tendresse et qui, pour quelques mois encore, s’appelait l’Union soviétique.
Elle, en chanteuse invitée de l’Orchestre régional de jazz Rhône-Alpes. Moi, en envoyé spécial de la revue Jazz Hot pour compléter un grand reportage entamé l’année précédente sur les berges de la Volga, lors du festival de jazz de Cheboksary (république de Tchouvachie). Comment chantait-on la note bleue de l’autre côté du rideau de fer juste après la chute du mur de Berlin ? Réponse dans le numéro 487 de Jazz Hot.
La Velle nous a quittés le 4 février dernier à l’âge de 72 ans. Too young, chantait-elle sur Straight singin’. Bien vrai. Ma Belle, là où tu es, keep on swingin’ !
Pascal Kober